Fiche 14 : Code écrit verbal ou non verbal
Il est tout d'abord essentiel de réfléchir en lien avec l'ophtalmologiste pour connaître les possibilités de l'enfant et les adaptations nécessaires.
Voici une progression pour faire passer l'enfant de la compréhension par le support de l'objet à la compréhension par un code écrit.
De l'objet au mot écrit
Pour les enfants ayant des restes visuels :
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Partir d'abord des objets bien réels (on commence avec les objets de référence connus de l'enfant), en les accompagnant de productions verbales ainsi que du signe correspondant.
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Puis passer à des objets miniatures, que l'on fera correspondre aux vrais, toujours avec du langage oral et gestuel.
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Ensuite, présenter simultanément à l'enfant les objets et leurs photos, en les dénommant et en les signant.
Le fait de proposer ainsi au jeune des objets sous deux dimensions différentes lui permet d'élargir sa représentation du monde.
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Si nécessaire, on peut aussi passer par l'étape intermédiaire des « symboles tangibles » :
1.On part des objets réels collés sur un carré uni, ressemblant ainsi à des photos, mais qui sont manipulables.
2.Puis passer à une représentation de l'objet avec un léger relief, mais restant encore très similaire au symbole tangible initial (couleurs, taille, position).
3.Et enfin apporter la même représentation sans relief.
Leur conception peut être difficile et demander de l'imagination mais elle est très utile à certains enfants.
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Remplacer progressivement les photos par des dessins en couleurs. Ainsi l'enfant acquiert la notion de concept et généralise ses représentations.
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Pour amener les pictogrammes, donner d'abord à l'enfant des dessins en noir et blanc très représentatifs de la réalité, et donc tout à fait concrets.
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Puis schématiser les dessins, à l'instar des pictogrammes.
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Durant les deux étapes précédentes, garder une présentation écrite des mots correspondants sous les objets/photos/dessins pour que l'enfant se familiarise avec le code écrit.
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Remplacer le pictogramme par un mot pictogrammé (pictogramme utilisé habituellement, dans lequel est intégré le mot écrit). Cela permet que l'enfant reconnaisse encore le pictogramme pour savoir de quel mot il s'agit, et commence maintenant à apprendre à reconnaître le mot écrit. Puis progressivement, réduire jusqu'à faire disparaître les éléments restants du pictogramme. Certains enfants ont toujours besoin d'un petit rappel pictographique.
Pour les enfants ayant une cécité totale :
- Procéder de manière équivalente, mais insister lourdement sur les caractéristiques physiques des objets lors de leur exploration tactile.
- Le passage par la photo et les dessins n'est pas utile.
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Si l'on souhaite introduire des pictogrammes tactiles, les associer aux objets réels après le stade des objets miniatures. Ils doivent rappeler l'expérience tactile et motrice qu'a l'enfant de ce qu'ils représentent, plutôt que d'y ressembler visuellement.
Par exemple, une voiture, telle que nous nous la représentons et telle que nous la dessinerions, avec la forme extérieure de la carrosserie, n'a rien de commun avec la représentation qu'en a l'enfant, qui concerne plutôt les sièges, la ceinture, les vibrations et mouvements ressentis en route...
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Les mots écrits, bien qu'ils soient inutiles pour l'enfant aveugle, aideront l'entourage. En effet, il est conseillé d'écrire leur signification sous les pictogrammes tactiles pour faciliter leur compréhension par les interlocuteurs.
La phrase
Il s'agit d'un niveau peu accessible, puisqu'il utilise deux compétences déjà difficiles pour les enfants atteints de surdicécité congénitale : la combinaison de plusieurs signifiants, et l'accès à un niveau symbolique.
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Pour les verbes, travailler à partir de ceux représentant des actions ; ils sont les plus faciles car concrets et aisément représentables en code pictographique.
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Commencer par une phrase à deux éléments (sujet et verbe) – et étendre la phrase petit à petit.
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Comme pour le passage de l'objet au mot, le travail se fera à partir d'associations entre photos, pictogrammes et gestes.
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On peut procéder à des associations de photos et pictogrammes, avec les photos des personnes de l'entourage de l'enfant, en variant les sujets et les verbes.
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En cas de cécité totale on procédera avec les signes de ces personnes, et par la manipulation de poupées à qui l'on fera jouer les actions.
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L'extension de la phrase pourra se faire par l'ajout d'adjectifs qualificatifs sensibles tactilement (concernant la taille, le poids...) et visuellement (couleurs). Le vocabulaire aura dû être travaillé auparavant.